Ce commentaire fait partie du "CyberSéminaire" en ligne organisé par l'Atlas Society en 1999 et intitulé "Les origines continentales du postmodernisme". Les origines continentales du postmodernisme ."
Si je comprends bien, Foucault est l'un des créateurs largement reconnus du postmodernisme. Il a été influencé par Hegel et Nietzsche, et il conserve le souci de Hegel de combiner la théorisation philosophique et historique. En particulier, deux éléments étaient d'un intérêt primordial pour Foucault : comprendre la relation entre l'histoire générale et l'histoire philosophique, et comprendre l'homme en tant qu'être épistémologique. Il rejette, dans cette même tradition, l'idée d'une progression logique et ordonnée de l'histoire et de son "sens", ainsi que l'idée d'une science (ou d'un ensemble de sciences) de la nature humaine.
Foucault a écrit sur les usages intellectuels de certains mots au cours de diverses périodes historiques sur des thèmes particuliers tels que la médecine, la pratique pénale, la psychiatrie et la conduite sexuelle. Il aime discuter des "constructions historiques" à travers lesquelles nous en venons à considérer diverses idées au fil du temps, et à décrire les relations de pouvoir et les normes sociales qui, selon lui, définissent ces termes au fil du temps.
Le professeur Hicks inclut Foucault parmi les quatre philosophes dans sa définition du postmodernisme comme une philosophie caractérisée par l'antiréalisme métaphysique, le subjectivisme collectif épistémologique, le constructionnisme social de la nature humaine et le collectivisme des valeurs. Après une lecture sommaire, j'utiliserai cette définition proposée pour voir si le matériel permet d'inclure Foucault dans la définition proposée.
La mise en garde que j'adresse au lecteur est que j'ai eu du mal à comprendre ce texte, et je soupçonne que mes difficultés seront évidentes. Il était frustrant pour moi d'essayer de comprendre les distinctions conceptuelles de Foucault parce que je ne pouvais pas identifier les entités à inclure dans la plupart des concepts qu'il propose. J'avais l'impression que les termes utilisés étaient des mots que je reconnaissais, mais que les distinctions conceptuelles sous-jacentes qui étaient faites m'étaient totalement étrangères. J'ai dû me contenter de citer dans la majeure partie de ce qui suit et de formuler des commentaires spéculatifs sur la signification du matériel cité. J'exprime ma sympathie aux lecteurs pour le résumé et l'analyse qui suivent, car je me suis efforcé d'être objectif dans ma lecture de Foucault.
Foucault commence par opposer notre "régime victorien" actuel à l'égard de la sexualité, qui règne depuis le début du XVIIe siècle, au régime ouvert qui prévalait auparavant. Ce victorianisme pudibond traite la sexualité comme "retenue" et "hypocrite" et qualifie d'anormale toute activité sexuelle en dehors de la chambre à coucher d'un couple marié et hétérosexuel, caractérisée par la reproduction, le silence et la monogamie. Les autres pratiques sexuelles sont reléguées par la répression au "bordel" ou à l'hôpital psychiatrique. Elles font l'objet d'une "condamnation à disparaître", d'une "injonction au silence" et d'une "affirmation de non-existence". Ce n'est que dans leurs domaines autorisés qu'ils ont "droit à des formes de réalité" et à un "type de discours clandestin, circonscrit et codé". Foucault présente ainsi l'essentiel de son analyse à venir : une discussion de l'histoire de la sexualité pour mettre en évidence les relations entre sexe, répression, pouvoir et savoir.
Selon Foucault, l'une des premières tentatives de libérer l'humanité de l'oppression sexuelle est venue de Freud.
Selon Foucault, l'une des premières tentatives, bien qu'infructueuse, de libérer l'humanité de l'oppression sexuelle est venue de Freud et de son introduction de la psychanalyse. Cependant, cette libération était illusoire car elle était "médicalisée" et acceptait donc implicitement l'ordre répressif en reléguant le sujet de la sexualité à un discours sûr - la science aseptisée. Cette relégation ne tenait pas compte du "lien fondamental" entre le pouvoir, le savoir et la sexualité. La vérité, suggère Foucault, est inextricablement liée à la politique, et Freud n'en tient pas compte dans son analyse scientifique de la sexualité. Selon Foucault, "la moindre lueur de vérité est conditionnée par la politique". Foucault passe rapidement à la politique en liant la répression de la sexualité au capitalisme, qualifiant cette répression de "partie intégrante" du capitalisme qui s'affirme à l'époque de la montée du victorianisme. Les travailleurs exploités ne peuvent avoir de plaisir qu'au service de la reproduction.
L'une des sources possibles du lien entre le sexe et le pouvoir par le biais de la répression pourrait être le "bénéfice de l'orateur". En effet, parler de ce qui est interdit, c'est-à-dire d'une sexualité inacceptable, revient à perturber l'ordre établi et à remettre en question le pouvoir impliqué par la répression. Un soutien implicite à l'ordre établi et répressif est apporté par ceux qui souhaitent faire entendre une voix d'opposition en son sein. Mais Foucault rejette cette idée. Il suggère plutôt qu'un discours sur la sexualité lié au pouvoir par le biais de la répression se caractérise par : 1) la révélation de la vérité, 2) le renversement des lois globales, 3) la proclamation d'un jour nouveau et 4) une promesse de félicité.
Après ce prélude décrivant la situation actuelle, Foucault présente son objectif dans ce discours sur l'histoire de la sexualité. Il entend présenter un moyen ou une méthode pour examiner le discours sur la sexualité. En particulier, il veut comprendre pourquoi la société contemporaine se sent si coupable de faire du discours sur la sexualité un "péché". Il se propose d'"examiner [...] une société qui se fustige elle-même pour son hypocrisie", une société qui "parle vertement de son propre silence", qui "raconte en détail les choses qu'elle ne dit pas", qui "dénonce le pouvoir qu'elle exerce" et qui "promet de se libérer des lois qui l'obligent à fonctionner". Il ne s'intéresse pas à la répression de la sexualité, mais à la contestation de cette répression.
Il examine rapidement, et rejette, l'"hypothèse répressive" selon laquelle les protestations bruyantes résultent de la difficulté à renverser l'ordre établi, étouffant et régnant. Ses trois objections sont formulées sous forme de questions. Premièrement : la répression sexuelle est-elle un fait historique avéré ? Deuxièmement : le pouvoir et ses mécanismes sont-ils réellement répressifs ? Troisièmement : le "discours critique" de la répression est-il vraiment un exemple du "mécanisme de pouvoir" ou du "cadre historique" qu'il prétend dénoncer ? Foucault, curieusement, n'est pas intéressé par la réponse à ces questions. Les objections doivent au contraire servir à orienter la discussion, à réorienter le débat, qu'il entend "replacer dans une économie générale des discours sur le sexe". Il veut "définir le régime de pouvoir-savoir-plaisir qui soutient le discours sur la sexualité humaine" et comprendre "la manière dont le sexe est 'mis en discours'".
Dans cette section, Foucault prépare le terrain pour proposer son "analyse du pouvoir". Pour ce faire, il expose ce qu'il considère comme le récit conventionnel du pouvoir, un récit défectueux qu'il expose afin de le rejeter en faveur de sa propre alternative. Il affirme tout d'abord que, contrairement à ce que l'on entend habituellement, le pouvoir n'est pas de nature répressive, il n'est pas utilisé comme une force ou une autorité extérieure qui restreint l'expression des "pulsions primaires" de la sexualité depuis l'extérieur. Il invoque plutôt une "théorie du désir" qui affirme qu'à chaque fois qu'un désir est présent (y compris vraisemblablement le désir sexuel), la "relation de pouvoir est déjà présente". Ainsi, les relations de pouvoir sont inexorablement liées à tout discours sur le désir/la sexualité. Comment se fait-il qu'elles soient ainsi liées ?
Le pouvoir doit être compris à travers une "analytique" qui définit "le domaine formé par les relations de pouvoir", et Foucault propose d'élucider les "instruments" qui rendent cette analyse possible. Il faudra attendre la section suivante pour cela. Tout d'abord, il insiste sur l'importance de rejeter l'idée d'un pouvoir de type "juridico-discursif". Il rejette la conception habituelle du pouvoir comme se manifestant dans les lois de la société inscrites dans le code juridique. Cette conception habituelle présente au moins cinq caractéristiques, que l'on peut comprendre en les appliquant au cas du sexe. Premièrement, la "relation négative" dans laquelle elle "nie" le sexe si et quand le sexe peut être décrété. Deuxièmement, "l'insistance de la règle" dans laquelle le pouvoir dicte un ordre au sexe par le biais du langage - c'est-à-dire le dictat d'un code juridique (prohibitif) de restrictions. Troisièmement, le "cycle de l'interdiction" dans lequel le sexe est contraint de "renoncer à lui-même", soit par l'abnégation, soit par une suppression externe explicite. Quatrièmement, la "logique de la censure" dans laquelle le sexe (inacceptable) n'est pas autorisé, son expression est empêchée et son existence est niée. Enfin, l'"uniformité" du pouvoir, c'est-à-dire son caractère général qui fonctionne de la même manière dans toutes les situations impliquant des relations de pouvoir, avec seulement une variation dans l'échelle de sa force. Ce caractère général est la "loi de la transgression et de la punition". Foucault résume la conception à laquelle il s'oppose comme reposant sur "la force du négatif" et "rien d'autre que l'énoncé de la loi et le fonctionnement des tabous", et il rejette explicitement le bien-fondé de la "règle de droit".
Foucault tente ensuite d'expliquer l'apparition généralisée du pouvoir sous cette forme qu'il rejette. La raison de son succès est d'ordre tactique : parce qu'il est général dans son fonctionnement et silencieux dans son expression, sa véritable nature de force oppressive est cachée. L'établissement de ce "discours", de ce pouvoir juridico-politique qui se manifeste dans la législation, a caché le fonctionnement des véritables "faits et procédures du pouvoir" sous-jacents. Ce faisant, le véritable pouvoir a été consolidé dans les coulisses. Malgré les efforts déployés pour séparer le pouvoir exécutif (c'est-à-dire la "monarchie") du pouvoir judiciaire, ils sont restés étroitement liés, comme ils doivent l'être, insiste Foucault. Les critiques ont été incapables de changer cet état de fait précisément parce qu'ils acceptent l'impossible séparation comme un objectif louable. Il ne faut pas désespérer. La société moderne a développé de nouveaux "mécanismes de pouvoir" qui ne sont pas pris en compte par ce modèle standard. Si nous pouvons maintenant écarter la notion de "loi du pouvoir", nous pouvons comprendre le fonctionnement du pouvoir dans la société, ce qui est l'objet de la section suivante.
Selon Foucault, le pouvoir est "le nom [d'une] situation stratégique complexe dans une société donnée" qui s'illustre par "la multiplicité des rapports de force dans la sphère où ils s'exercent". Cette multiplicité est "codée" sous deux formes : la guerre et la politique. Pour comprendre la différence entre cette conception et celle à laquelle il s'oppose, il propose une série de contrastes. Le pouvoir n'est pas une chose que l'on obtient et/ou que l'on manipule ; il s'agit plutôt de l'interaction de relations complexes. Le pouvoir n'est pas une simple séparation de relations binaires entre celui qui contrôle et celui qui est contrôlé ; au contraire, les relations font partie d'autres relations telles que les relations économiques, les relations de savoir et les relations sexuelles. Le pouvoir n'est pas un phénomène "descendant" émanant de ceux qui sont en haut et dictant à ceux qui sont en bas ; au contraire, il se manifeste dans toute la société.
Il caractérise en outre les relations de pouvoir comme étant intentionnelles, mais non subjectives. Bien qu'elles soient intentionnelles dans la mesure où elles sont orientées dans une "direction" particulière, elles ne sont pas le fruit de l'intention des individus. En ce sens, elles s'apparentent à la "main invisible" d'Adam Smith ou à la notion de Hayek de coordination du marché par l'action humaine, mais pas par la conception humaine. En outre, les "points de résistance" dans le réseau des relations de pouvoir sont également omniprésents, comme les résistances dans un grand tableau électrique.
Cette caractérisation du pouvoir comme un flux de relations changeantes entre les sphères de la force et de la résistance est l'échappatoire recherchée du modèle judiciaire du pouvoir. Pour comprendre l'histoire du discours sur le sexe, il faut appliquer cette conception pour trouver les relations de pouvoir qui influencent le discours. Pour ce faire, quatre "règles" doivent être respectées. La règle de l'immanence impose de rechercher les forces changeantes qui permettent à une enquête d'avoir lieu. Dans tout sujet d'enquête, y compris la sexualité, il faut rechercher les relations de pouvoir qui permettent au sujet d'être ouvert en tant qu'objet d'enquête. La règle des variations continues recherche des modèles de forces changeantes (c'est-à-dire des "matrices de transformations") au sein du discours, plutôt que des relations "statiques". La règle du "double conditionnement" admet qu'il existe des relations compliquées, mais qui se renforcent, entre les petits centres de pouvoir locaux dans le flux et les stratégies et relations de pouvoir plus globales. Enfin, il y a la règle de la polyvalence tactique des discours, selon laquelle tout discours doit être conçu comme impliqué dans de nombreux rapports de force en constante évolution.
L'application de ces règles nécessite deux critères d'évaluation de tout discours, y compris celui sur la sexualité. Le premier critère est la productivité tactique : quels sont les effets du discours sur le pouvoir et le savoir dans la société ? La seconde est l'intégration stratégique : quels sont les rapports de force qui rendent nécessaire l'utilisation des éléments discursifs dans un cas donné ?
Foucault entend utiliser ces règles et ces normes pour évaluer le discours sur la sexualité depuis le XVIIe siècle. Après avoir posé ces jalons, il est prêt à présenter son analyse du discours sur le sexe, le pouvoir et le savoir.
Foucault commence son "analyse" par une description/définition de la sexualité comme "un point de transfert dense pour les relations de pouvoir... doté de la plus grande instrumentalité" et une "cheville ouvrière pour les stratégies les plus variées". Pour l'interpréter un peu, il semble éloigner sa discussion d'une référence à des phénomènes biologiques et psychologiques tels que les pulsions et la centrer sur le discours de la sexualité au fil du temps. Ce discours constitue le terrain métaphysique à partir duquel la "sexualité" apparaît comme un lieu important pour l'interaction du pouvoir et de la connaissance. La "sexualité" est une arène où se jouent les relations de pouvoir et de savoir entre de multiples acteurs.
Selon Foucault, quatre "unités stratégiques" émergent du discours de deux siècles sur la sexualité. Ces unités forment des "mécanismes" dans le flux du pouvoir et du savoir. Ces unités ont "gagné en efficacité" dans les relations de pouvoir et ont fait preuve de "productivité" dans les relations de savoir, devenant ainsi les "objets privilégiés du savoir". Les unités ont chacune un représentant prototype : 1) la femme hystérique, 2) l'enfant qui se masturbe, 3) le couple malthusien et 4) l'adulte pervers.
La femme hystérique se manifeste dans le discours de trois manières. La première est celle d'un corps "saturé de sexualité", ou ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui l'"objectivation" du corps féminin. La deuxième est la "pathologie médicale", dans laquelle la médecine a incorporé les femmes dans sa pratique pour des conditions "intrinsèques" ; Foucault ne le dit pas, mais je suppose qu'il entend par là le développement de domaines tels que la gynécologie et l'obstétrique. La troisième est une "communication organique" dans le "corps social" via la fécondité, l'"espace familial" et la vie des enfants.
L'enfant masturbateur entre dans le discours d'une manière compliquée par le biais de deux forces opposées. La première est la complaisance "naturelle" des enfants à l'égard des pratiques sexuelles (vraisemblablement comme la masturbation), ou du moins le désir de s'y adonner. Cette pratique est considérée comme "contre nature" et donc dangereuse pour ces êtres "pré-sexuels". Compte tenu de ce conflit entre deux forces contraires, de nombreux acteurs, tels que les parents et les médecins, s'efforcent de les contrôler.
Le couple malthusien se trouve également au centre de multiples forces, cette fois de "socialisation". Il existe des pressions fiscales/économiques visant à limiter la sexualité à une relation monogame et hétérosexuelle. Il y a la "responsabilisation" politique en matière de contrôle des naissances, comme en témoignent les politiques chinoises visant à limiter les couples à un seul enfant si possible. Il y a la socialisation médicale qui accorde une "valeur pathogène" au contrôle des naissances, décourageant ainsi la croissance démographique.
Enfin, il y a l'adulte pervers, créé par l'identification d'un "instinct sexuel" avec des composantes biologiques et psychiatriques. Diverses "anomalies" de la sexualité ont été isolées cliniquement, ce qui les a rendues accessibles au(x) traitement(s) (médical(s)), principalement la psychanalyse.
Mais pourquoi ces unités et pas d'autres ? La question, suggère Foucault, est celle de la "production de la sexualité". Cette production est générée par les discours de la période analysée, et le discours est régi par les structures de pouvoir et de savoir de cette période. Les structures qui gagnent en force dans le flux et le reflux de forces multiples acquièrent de l'importance, et la sexualité est l'une de ces constructions. La sexualité est "le nom... donné à une construction historique". Cette construction, telle qu'identifiée par les "unités" décrites ci-dessus, est décrite/définie comme suit :
"...un grand réseau de surface où s'articulent la stimulation des corps, l'intensification des plaisirs, l'incitation au discours, la formation de savoirs particuliers, le renforcement des contrôles et des résistances, selon quelques grandes stratégies de savoir et de pouvoir".
La construction continue d'évoluer, remplaçant progressivement une ancienne commande par une nouvelle. L'ordre précédent était un ordre caractérisé par : 1) un système de mariage et de liens de parenté, 2) la transmission des noms et des biens, et 3) des règles définissant un comportement sexuel acceptable, principalement pour maintenir la reproduction. Cet ordre, le "déploiement de l'alliance", a perdu de sa force face aux forces économiques et politiques et a été remplacé par un nouvel appareil, le "déploiement de la sexualité". Ce nouvel ordre, en revanche, "existe pour proliférer, innover, annexer, créer et pénétrer les corps de manière détaillée" et pour "contrôler les populations de manière globale". Il ne s'agit pas d'une prise de contrôle hostile d'une culture par une autre, mais plutôt de l'évolution d'une "alliance" ou d'une stratégie globale à partir d'une précédente. Le nouvel ordre opère par l'intermédiaire de la "cellule familiale", via les deux axes mari-femme et parents-enfants, dont le rôle est d'"ancrer" la sexualité et de la soutenir.
Dans la suite de l'essai, Foucault décrit l'évolution de la nouvelle sexualité à partir de l'ancien ordre d'alliance. Il décrit un "déploiement" de la sexualité. Alors que l'ordre ancien, restrictif, tentait de supprimer la sexualité émergente, un certain nombre de conflits malheureux sont apparus au sein du foyer culturel, la famille, entraînant l'émergence colorée de "la femme nerveuse, l'épouse frigide, la mère indifférente - ou pire, la mère en proie à des obsessions meurtrières - le mari impuissant, sadique, pervers, la fille hystérique ou neurasthénique, et le jeune homosexuel qui rejette le mariage ou néglige sa femme". Pour contrôler la "sexualité saturante" qui envahit la famille, elle se tourne vers la médecine et est récompensée par la psychanalyse via Charcot et Freud.
Tout d'abord, une gestalt psycho-épistémologique sur la lecture. Foucault est un écrivain divertissant, sensuellement engageant. Les images de la femme hystérique et du mari pervers pris dans le tourbillon de forces sociétales dépassant leur compréhension ou leur contrôle, ou d'une sexualité faustienne se déchaînant dans la société victorienne répressive et exigeant une attention médicale pour la maîtriser, étaient divertissantes et amusantes. Étonnamment, il combine ces personnages vivants et métaphoriques avec l'image d'une vision profondément mécaniste du monde, en particulier de ses acteurs humains. Les thèmes récurrents concernent des "forces" impersonnelles, de type physique, telles que le "pouvoir" et le "savoir", qui "opèrent" dans toute la société. Ces forces, qui ont une sorte de volonté propre, se déplacent, créant des confluences et des points de résistance, agissant par l'intermédiaire d'individus et d'institutions qui sont des corps passifs poussés et tirés à travers l'histoire. La compréhension de ces "forces" semble impliquer l'interprétation des "discours" évidents dans une société, et ce sont ces éléments expressifs et discursifs qui forment le matériau le plus fondamental à partir duquel la vie sociale émerge.
Pour en revenir à la définition du postmodernisme donnée par le professeur Hicks, Foucault y correspond-il ?
En métaphysique, le postmodernisme est illustré par l'antiréalisme. Je ne suis pas sûr, sur la base de ce qui précède, du type de métaphysique que Foucault soutiendrait. Il semble qu'il croit au "discours" comme matériau de base de la vie. Pour comprendre la sexualité, on ne commence pas par observer les êtres humains et comprendre la nature humaine en créant une théorie de la sexualité. Il s'agit plutôt d'examiner les "forces" qui dictent le discours sur la sexualité dans un contexte historique particulier. Je ne pense pas que le "discours" doive être considéré comme un moyen de comprendre la nature humaine ; Foucault ne considère pas la nature humaine comme un problème. Le discours est plutôt le matériau de base à partir duquel les "forces" importantes de la société émergent pour influencer le cours des événements. Il me semble que cette acceptation du "discours" est, en termes objectivistes, un exemple de la primauté de la conscience plutôt que de la primauté de la métaphysique de l'existence.
Foucault est un écrivain divertissant et sensuellement attachant.
En matière d'épistémologie, le postmodernisme accepte un subjectivisme collectif selon le professeur Hicks. Foucault semble s'inscrire confortablement dans cette catégorie. Il s'appuie sur l'accord socio-historique sur les termes comme norme de l'épistémologie, plutôt que de se concentrer sur la conceptualisation individuelle des percepts en concepts. La "sexualité" a une signification changeante au fil du temps, une signification qui dépend entièrement du discours de l'époque et du lieu. Je ne crois pas que cette évolution puisse être considérée comme bonne ou mauvaise en fonction de la précision avec laquelle un phénomène est caractérisé. Au contraire, il n'y a pas de bien ou de mal en dehors de l'accord au moment de la signification acceptée. Il soutient l'idée que la vérité dépend essentiellement du pouvoir, les voies de la connaissance n'étant accessibles qu'avec la "permission" de l'autorité. Je trouve qu'il est presque impossible d'essayer de réduire les descriptions élaborées de Foucault de ses termes clés, tels que la sexualité, à des éléments concrets perceptibles ; ils existent, en termes objectivistes, comme des abstractions flottantes qu'il n'essaie pas d'ancrer dans la perception. Bien sûr, je ne crois pas qu'une telle identification soit une préoccupation pour Foucault - ce n'est pas son critère de vérité.
Dans le domaine de la nature humaine, le postmodernisme accepte le constructionnisme social, et Foucault en est un exemple. Pour Foucault, les personnes en tant qu'acteurs individuels n'ont aucune importance ; les "forces" qui agissent dans une société agissent à travers les personnes, mais les personnes elles-mêmes ne sont pas des acteurs. L'expression la plus claire du constructionnisme social de Foucault réside dans ses prototypes frappants pour les "unités" de la société ; ces personnages vivants sont construits par les "alliances" qui agissent sur eux. Enfin, dans le domaine des valeurs, le postmodernisme soutient le collectivisme des valeurs, affirme le professeur Hicks. Je ne suis pas sûr que Foucault ait sa place ici, uniquement parce que je ne sais pas quelles seraient ses positions éthico-politiques sur la base de ces écrits. La seule chose qu'il rejette clairement est l'"État de droit" sous une forme ou une autre. Il considère que la vision "judiciaire" du pouvoir, telle qu'elle est illustrée par la législation, est erronée et dangereuse. Son caractère "prohibitif" est contraire à une bonne compréhension du pouvoir, une compréhension basée sur le fait qu'il imprègne tous les aspects de la société comme une force universelle telle que la gravitation.
Sources
Michael Foucault. L'histoire de la sexualité, Volume 1 : Introduction. Traduit par Robert Hurley, Vintage/Random, 1980. Première partie, "We 'Other Victorians'", pp. 3-13 ; quatrième partie, chapitres 1-3, pp. 81-114.
Stephen Hicks. " Defining Post-Modernism " (Définir le post-modernisme ). Fall 1999 CyberSeminar in Objectivist Studies, 5 octobre 1999.
J.O. Urmson JO et J. Ree. The Concise Encyclopedia of Western Philosophy and Philosophers, 3ème édition, 1989.
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