Il arrive que l'on dise un petit mensonge parce que l'on ne veut pas blesser quelqu'un. Mais les mensonges se terminent souvent par une tragédie.
C'est le thème du film français Marguerite, actuellement dans les salles américaines. Marguerite offre une histoire parfois amusante mais finalement douloureuse de "l'empereur n'a pas de vêtements", celle d'une chanteuse en herbe qui est tellement protégée de son propre manque de talent que la fin ne peut être qu'opéra-tragique.
Le film, basé sur une histoire vraie, débute en France en 1920 où un récital de charité privé est organisé au château de la riche baronne Marguerite Dumont (Catherine Frot, qui joue un personnage dont le nom semble emprunté à l'infortunée femme de tête de Groucho Marx). En tant que patronne de la société Amadeus locale, elle s'est inscrite au programme pour chanter afin de récolter des fonds. Elle massacre l'air de la "Reine de la nuit" de la Flûte enchantée de Mozart. Elle ne sait pas à quel point elle est mauvaise ; elle ne s'entend vraiment pas.
Nous pensons que son public a déjà été exposé à de telles travestissements, mais elle est la marraine et c'est pour une bonne cause. Ils l'applaudissent consciencieusement. Son mari, un promoteur confronté à des problèmes financiers, s'assure d'avoir des problèmes de voiture comme excuse pour n'arriver qu'après la fin des terribles hurlements.
Lucien Beaumont (Sylvain Dieuaide), critique de presse, et son ami artiste Kyrill Von Priest (Aubert Fenoy) se sont glissés dans cette soirée sur invitation et ont assisté à la farce. Mais écrire une mauvaise critique semble trop facile. C'est pourquoi, à la demande de Kyrill, Lucien décide de faire l'éloge de la chanteuse. C'est une nouvelle voix formidable !
L'opéra est l'amour de Marguerite, sa vie. Elle possède un millier de partitions. Son fidèle majordome et accompagnateur au piano, Madelbos (Denis Mpunga), la photographie avec des costumes et des accessoires qu'elle a collectés dans ses œuvres préférées. Il sait qu'elle ne sait pas chanter, mais il se dévoue pour la protéger du ridicule.
Lorsque Marguerite lit la critique de Lucien, elle est ravie et lui rend visite, ainsi qu'à Kyrill, avec l'intention de faire connaître son chant au reste du monde. Lucien hésite à l'encourager, mais Kyrill l'invite à se produire lors d'une soirée qu'il organise dans un petit club. Pourquoi une telle chose ?
Kyrill a rassemblé un public composé d'hommes d'affaires, d'ouvriers, de soldats et d'un échantillon général de la société. Il monte sur scène pour dénoncer bruyamment tous les groupes représentés. Alors que certains applaudissent et commencent à sortir, il fait venir Marguerite, vêtue d'une robe blanche sur laquelle il projette un film du carnage de la Première Guerre mondiale, tandis qu'elle interprète de façon horrible la "Marseillaise", l'hymne national français.
Ceux qui connaissent le roman The Fountainhead d'Ayn Rand verront la similitude entre le nihiliste Kyrill, qui veut détruire toutes les valeurs, et le personnage de ce roman, Ellsworth Toohey. Ce dernier, qui, comme Lucien, tient une chronique dans un journal, veut démolir le grand et le beau, et le fait en faisant l'éloge du médiocre et de la laideur.
Mais Marguerite ne le voit pas. Et Lucien, tout en se sentant coupable, ne peut se résoudre à lui dire la vérité. Elle pense que le problème vient du public et décide de réserver une salle d'opéra et de donner un récital pour le gratin parisien.
Bien que son mari ne lui soit guère fidèle ou attentif, il l'aime suffisamment pour redouter qu'elle se ridiculise aux yeux du monde. Mais il a du mal à lui dire la vérité. Il espère que le professeur de chant qu'il l'a convaincue de faire venir pour l'aider à préparer son récital lui dira à quel point elle est affreuse. Cependant, en partie parce que Madelbos a fait chanter le coach pour qu'il accepte le poste, le coach vocal ne lui dira pas la vérité non plus.
Que se passera-t-il lorsqu'elle se produira devant un public impartial ? Quelqu'un peut-il lui montrer la vérité ?
Marguerite est excentrique, mais elle est essentiellement innocente de toute tromperie majeure, car elle ne peut vraiment pas entendre à quel point elle sonne mal. Son amour pour l'opéra et le chant est admirable, et elle est une généreuse bienfaitrice. Et bien que certains de ceux qui la protègent de la vérité aient de vils motifs, son mari, Madelbos, et, à la fin, Lucien, se soucient d'elle. Ils sont déchirés à chaque étape entre détruire ses aspirations eux-mêmes ou laisser ses aspirations et son sens de l'estime de soi être détruits par les rires dérisoires et les moqueries d'une foule objective. Ils sont moralement faibles.
Ce film montre qu'il peut être terriblement douloureux d'être honnête avec ceux que l'on aime, tout comme il peut être douloureux d'être honnête avec soi-même. Mais refuser de voir la réalité en face ne changera pas les faits. De même que le refus de reconnaître un mal physique peut retarder le traitement et conduire à la mort du corps, de même le refus de reconnaître des faits sur soi-même ou sur les autres, y compris les limitations, peut conduire à la mort de l'âme.
Si vous comprenez qu'il peut être difficile d'être sincère, vous trouverez dans le film Marguerite un moyen stimulant de fortifier votre propre âme.
Edward Hudgins, exdirector de promoción y académico sénior de The Atlas Society, es ahora presidente de Human Achievement Alliance y puede ponerse en contacto con él en Correo electrónico: ehudgins@humanachievementalliance.org.