Cette semaine, lors d'un référendum national, 65 % des électeurs suisses ont rejeté une mesure qui aurait limité les salaires des PDG à douze fois le salaire des employés subalternes. Ce faisant, ils ont montré une fois de plus au monde pourquoi la Suisse reste l'un des pays les plus prospères et les plus innovants du monde !
La Suisse possède l'une des économies les plus libres du monde. Elle se classe régulièrement dans les dix premiers rangs de l'indice de liberté économique et du rapport sur la liberté économique dans le monde. Ces dernières années, elle s'est classée au premier rang de l'indice de compétitivité mondiale. Selon toutes les mesures internationales, la Suisse se situe parmi les premiers pays en termes de revenu par habitant, et la pauvreté n'y est pas un problème majeur
Alors pourquoi s'inquiéter autant des personnes qui gagnent le plus dans un pays aussi prospère ? Ces inquiétudes sont-elles fondées ?
Le mériter
La question la plus importante concernant la richesse d'un individu est de savoir comment il l'a acquise. S'il a produit des biens et des services pour les vendre à des clients volontaires sur la base d'un bénéfice mutuel, alors, du concierge au président de l'entreprise, il l'a gagnée. Elle leur appartient. Et ils ont droit à tout ce qu'ils peuvent gagner de cette manière.
C'est un affront moral pour les individus de revendiquer un droit sur la richesse de quelqu'un d'autre, richesse qu'ils n'ont pas gagnée, ou d'exiger que les armes du gouvernement empêchent le travailleur de recevoir la compensation qu'il peut acquérir grâce à ses efforts honnêtes.
Heureusement, lorsqu'il a été mis au défi, le peuple suisse a adopté une position morale.
Renflouements
Mais le vote suisse s'inscrit dans un contexte qui met en lumière un problème croissant dans tous les pays. Il arrive que des dirigeants reçoivent des salaires et des primes considérables alors même que leurs entreprises sont soutenues ou renflouées par les contribuables. Dans ce cas, les contribuables, et c'est compréhensible, ne considèrent pas comme "gagné" l'argent qui est involontairement transféré de leur poche à celle de ces dirigeants.
En 2008, le gouvernement suisse a renfloué UBS, la plus grande banque du pays. La rémunération des dirigeants est ainsi devenue une affaire publique. Mais comment déterminer la rémunération des dirigeants dans de tels cas ? Combien est "trop" ?
Dans le marché libre, il arrive que des entreprises perdent de l'argent et en perdent encore plus en récompensant les dirigeants de ces entreprises défaillantes par des salaires ou des primes considérables. Mais dans ce cas, la rémunération est l'affaire des propriétaires et des investisseurs de l'entreprise. Si l'on possède des actions ou des obligations d'une telle entreprise et que l'on est scandalisé par les salaires élevés, on peut se désengager et se débarrasser de l'entreprise.
En fait, au début de cette année, les électeurs suisses ont donné aux actionnaires des entreprises un droit de vote contraignant sur la rémunération des dirigeants et ont bloqué ce qui pourrait être considéré comme des indemnités de départ excessives. On pourrait arguer qu'un tel mandat de l'État sur la gouvernance d'entreprise viole les principes du marché libre. Mais les entreprises qui s'acoquinent avec le gouvernement et reçoivent des fonds du contribuable invitent à ce genre de mesures.
Toujours libre
Mais les électeurs suisses se sont montrés raisonnables et ont fait preuve de moralité en refusant d'autoriser le gouvernement à plafonner directement ce que les cadres pourraient honnêtement gagner. Et ce n'est pas une mince affaire.
Les gauchistes d'Europe occidentale, d'Amérique et des pays développés sont obsédés par ce qu'ils appellent "l'égalité" ou "l'équité". Dans la pratique, cela signifie donner aux gouvernements le pouvoir de redistribuer les richesses de ceux qui les ont gagnées vers ceux qui ne les ont pas gagnées. Pire encore, la motivation de ces étatistes n'est pas d'élever les pauvres, mais plutôt de démolir les riches. Leur motivation est l'envie pure et simple. Winston Churchill avait raison de dire que "le socialisme est le partage égal de la misère".
La Suisse a été la cible d'attaques politiques et de pressions de la part d'autres pays européens et des États-Unis parce qu'elle est encore si libre. Ceux qui n'apprécient pas de voir leur richesse confisquée par des étatistes rapaces ont souvent recours aux banques suisses ou même à la citoyenneté suisse. Une solide majorité de Suisses comprend leur position unique dans le monde en tant qu'îlot de liberté où les individus peuvent prospérer, comme l'ont encore montré les électeurs suisses lors du récent référendum !
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Hudgins est directeur de la défense des intérêts et chercheur principal à l'Atlas Society.
Pour plus d'informations :
*Edward Hudgins, " Switzerland Attacked ! ", 15 mai 2009.
*Edward Hudgins, " La France a besoin de victimes. ", 9 août 2012.
Edward Hudgins est directeur de recherche au Heartland Institute et ancien directeur du plaidoyer et chercheur principal à l'Atlas Society.
Edward Hudgins, ancien directeur du plaidoyer et chercheur principal à The Atlas Society, est aujourd'hui président de la Human Achievement Alliance et peut être contacté à ehudgins@humanachievementalliance.org.